


La performance durable de mon entreprise
Témoignage client : L’agriculture bio et l’autonomie, ce n’est pas juste du rêve
Un départ sans filet, ou presque

Léo Lechevalier, Gaec au fil de Lo
Avec Philippine, nous nous sommes installés en 2020 dans le Perche. Je viens de Touraine, elle de l'Orne, et tous les deux, nous avons fait des études d'ingénieur agronome.
Nous avons choisi de devenir agriculteur, hors cadre familial, parce que nous voulions quelque chose de concret, utile et aligné avec nos convictions.
La ferme sur laquelle nous nous sommes installés était déjà en bio depuis vingt ans. Pour nous, c'était parfait : on cherchait vraiment un endroit où l'on pourrait creuser la question de l'autonomie et du respect de la nature sans repartir de zéro. Je me souviens encore de la visite de la ferme, nous avons passé la journée à échanger avec l'ancien propriétaire, et tout semblait coïncider avec ce qu'on avait en tête
Le grand virage : un système herbager
À notre arrivée, il restait une quinzaine d'hectares de maïs ensilage sur l'exploitation. Nous connaissions les avantages du maïs (excellente photosynthèse, bonne productivité), mais nous savions aussi que cela impliquait un gros travail du sol, des passages mécaniques fréquents et beaucoup de carburant.
Très vite, nous nous sommes dit : « OK, on mise à fond sur l'herbe. » D'autant plus que la luzerne n'était pas envisageable chez nous, faute de sous-sol calcaire. Nous avons choisi un chemin plus audacieux : le séchage de foin en grange.
Mais nous avons pris peur en voyant le devis si on sous-traitait tout : 650 000 euros ! Alors on s'est retroussé les manches : terrassement, maçonnerie, couverture... on a tout fait nous-mêmes, avec l'aide de notre entourage. Au final, cela a abaissé la facture à environ 400 000 euros, ce qui restait conséquent mais gérable grâce à une aide régionale.
Pour nous, la RSE c’est du concret
Dès notre première année, nous avons réalisé un bilan carbone pour savoir où nous mettions les pieds. C’est un outil imparfait, mais au moins, cela donne un point de départ.
Notre objectif, c’est de pousser la logique au-delà du label bio : réduire la mécanisation, optimiser le pâturage, produire notre énergie autant que possible. Nous voulons que notre ferme tourne au maximum en autonomie, que ce soit sur l’alimentation du troupeau ou sur l’électricité.
Notre engagement chez Biolait
Nous faisons partie de Biolait, qui fête ses 30 ans cette année.
Pourquoi Biolait ? Parce que c’est plus qu’un simple “collecteur de lait”. C’est une coopérative où la dimension sociale est prise au sérieux : interdiction de recourir à des travailleurs détachés, des écarts de salaire limités et, surtout, une vraie liberté pour chaque producteur.
Nous avons la possibilité d’adapter nos pratiques : monotraite, vêlages groupés, transformation sur place...
Pour nous, c’est essentiel : la bio doit être cohérente, et Biolait nous laisse cette marge de manœuvre pour aller jusqu’au bout de nos idées, sans nous imposer un modèle unique.
Économiquement, comment on s’en sort ?
On ne va pas se mentir : le prix du lait bio n’a plus l’écart qu’il avait auparavant avec le conventionnel. Mais on arrive à s’en tirer grâce à une maîtrise rigoureuse des charges.
Le pâturage et le séchage en grange nous permettent de fabriquer un maximum de foin de qualité sans recourir à des concentrés hors de prix. Nous limitons aussi la mécanique lourde, donc moins de gasoil, moins d’usure de matériel.
Pour l’instant, nous tenons le cap. Nous comptons sur notre capacité d’adaptation, il faut être inventif et réactif, et c’est précisément ce qui nous motive.
Penser à la relève et à l’avenir
Voir les agriculteurs partir à la retraite sans remplaçant, cela nous brise le cœur. On se dit qu’on doit impérativement accueillir des jeunes, leur montrer qu’il existe une autre façon de travailler la terre, plus respectueuse et, malgré tout, économiquement viable.
Pour l'avenir, nous avons plein d’idées :
- rembourser notre séchoir tout en lançant de nouvelles productions (peut-être des herbes aromatiques séchées),
- passer à une mécanisation plus électrique (alimentée par du photovoltaïque),
- améliorer la structuration foncière locale, histoire de rationaliser nos parcelles...
Il y a de quoi faire !
Besoin d’accompagnement… et d’audace
Avec la pression autour du bilan carbone et les futures réglementations européennes, nous devons continuer d'avancer.
Nous espérons être épaulés par des conseillers qui oseront nous proposer des solutions novatrices. Plus on sera soutenus, plus on pourra aller loin dans la réduction de notre empreinte et dans la solidité économique de notre ferme.
En clair, nous voulons démontrer que l’agriculture bio et l’autonomie, ce n’est pas juste du rêve.
Etre cohérents, respecter la terre et dégager un revenu tout en étant fiers de ce qu’on transmettra à ceux qui arriveront après nous, c'est possible.