LE LAIT BIOLOGIQUE DE VACHE
Une demande dynamique rattrapée par une offre 2019 abondante. Le lait bio à nouveau confronté aux durs équilibres entre l’offre et la demande.
L’intérêt du consommateur pour le bio ne se dément pas
Les ventes de lait sur produit bio poursuivent leur courbe ascendante tous produits confondus alors que celles du lait conventionnel stagnent.
Portée par la grande distribution, la consommation se diversifie sur des produits plus élaborés et à plus forte valeur ajoutée.
En volume
L’engouement pour le fromage croît de 32 % en 2018 / 2017 en volume contre 19 % pour le lait conditionné. C’est + 25 % pour le beurre. Quant à la crème, avec près de 19 % d’évolution, elle fait désormais partie des produits en vogue. Ce constat se vérifie aussi sur les 9 premiers mois 2019/2018 en grande distribution :
En valeur
Alors que le prix du lait conditionné stagne, le beurre bio connaît une progression de plus de 9 % sur 2018/2019. C’est + 5 % pour le fromage, + 4 % pour la crème et + 3 % pour l’ultra frais. Cette montée en gamme de la consommation contribue à soutenir le prix du lait bio et sa valorisation malgré une offre 2019 jamais atteinte en France.
Vers une offre qui tend vers 1 milliard de litres de lait bio
La collecte annuelle de lait de vache biologique de 07/2018 à 07/2019 atteint 920.7 millions de litres. Plus que les conditions climatiques, ce sont surtout les conversions 2016/2017 alimentant le marché qui justifient une augmentation de + 7.5 % de production sur cette période.
Cet afflux de livraisons 2019 est responsable des tensions ressenties sur l’équilibre offre / demande du 1er semestre 2019 malgré le dynamisme de la demande exposée. Des opérateurs majeurs comme Biolait furent amenés à déclasser une partie du lait pour préserver le prix du lait bio.
Le Lait bio n’échappe donc pas à la loi du marché et l’équilibre offre / demande restera un point majeur pour sa valorisation.
Quel potentiel de collecte pour 2021 ?
Selon l’enquête menée par le CNIEL, la dynamique de conversion se réduit et une baisse de 30 % sur le 1er semestre 2019 se vérifie. Ce sont toutefois 96 millions de litres de lait, soit près de 10 % de la collecte, qui pourraient s’ajouter alors que les cessations d’activité ne représenteraient que 0.5 % du volume collecté. Sur cette trajectoire, ce sont 260 millions de litres complémentaires qui pourraient être mis sur le marché à l’horizon avril 2021 selon les estimations du Cniel.
Le milliard de litres de lait pourrait être dépassé dès le 1er semestre 2020.
Les enjeux du lait bio demain ?
Le consommateur plébiscite les produits bio. La progression des ventes en GMS, en RHF entre autres, le démontre. La volonté politique affirmée dans EGALIM pour le développement des produits bio est une impulsion complémentaire.
Face à une demande en évolution graduelle, les perspectives d’offres françaises haussières sont rassurantes.
Tout repose sur le parallélisme des progressions « des 2 courbes Offre / Demande ».
2019 a pointé du doigt le risque de ce déséquilibre mais, habilement géré par la filière, l’impact sur le prix producteur a été limité. L’horizon sur fin 2019 est plus clément.
Des fondamentaux demeurent et se dessinent
- Le bio est à l’orée d’une segmentation
L’exigence du consommateur croît et la représentation qu’il se fait du bio ne se limite plus à la promesse du non chimique. Il surgit désormais dans cette représentation des attentes complémentaires liées aux modes de production avec des notions de bien-être animal, de pâturage, d’agroécologie…
Des attentes sociétales qui induiront probablement une segmentation bio.
- Le lait bio devra rester rémunérateur
L’approvisionnement français dépendant de l’émulation des producteurs, le volume produit restera étroitement lié au prix. Un différentiel de prix avec le lait conventionnel doit demeurer pour couvrir l’écart de coût de revient et les risques systèmes. Gare à la banalisation et à l’érosion du prix auprès des consommateurs parfois impulsées par les démarches de promotion.
Le modèle économique du bio est loin d’être un acquis. Il repose sur sa réactivité vis-à-vis des attentes sociétales et sur la responsabilité des acteurs économiques.
Jean-Yves MORICE
jymorice@53-72.cerfrance.fr