L'ÉTUDE DES RÉSULTATS DES PRODUCTEURS EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Avec une croissance du marché bio à deux chiffres, des perspectives s’ouvrent pour les producteurs qui souhaitent franchir le pas de la conversion. L’étude des résultats des producteurs en agriculture biologique montre que ces exploitations sont viables. Toutefois l’économique n’est qu’un des aspects de la réflexion à mener dans un projet de conversion.
UN MARCHÉ AVEC UNE CROISSANCE A DEUX CHIFFRES
Le marché de la bio en France devrait atteindre un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros soit une progression de 20 % dans un marché de l’agroalimentaire mature. La bio se développe dans tous les circuits distributions :
- les grandes et moyenes surfaces -GMS- (+18 %) développent ce linéaire pour conserver et capter de nouveau client,
- l’ouverture de magasins spécialisés dans de nombreuses villes moyennes a permis une augmentation des ventes de 25 % pour ce mode de distribution.
En effet, un français sur dix consomme régulièrement des produits biologiques (voir graphique ci-dessus).
Pour répondre à cette demande croissante, les filières se sont organisées et les conversions ne saissent de croître. En effet, l’année 2016 a été marquée par un regain du nombre de conversions. Les exploitations en mode de production biologique sont en progession de 12 % et les surfaces en conversions augmentent de
53 %. Aujourd’hui , le secteur de l’agriculture biologique compte 32 300 exploitations ce qui représente près 6 % de la SAU française cultivée en bio.
Le dynamisme de la production permet à la France d’être autosuffisante dans la plupart des productions couramment rencontrées sur le territoire (viande bovine, ovine, porcine, volaille, oeuf de consommation…). Le taux d’approvisionnement est passé de 65 à 76 % en l’espace de six ans.
Toutefois, près d’un quart de la demande est satisfaite par les importations :
- les produits exotiques, le riz, les agrumes ne peuvent pas être produits en France. Ils représentent 65 % des importations,
- la production française de céréales ou de légumes est insuffisante pour satisfaire le marché,
- plus de la moitié des produits d'épicerie proviennent de l’étranger.
A court terme, les conditions climatiques 2016 vont peser sur l’offre :
- de blé panifiable, la qualité médiocre de la récolte de céréales ne permettra pas de satisfaire la demande,
- d’aliment du bétail, les rendements des cultures de vente sont insuffisants pour faire face aux développements des filières avicoles et porcines,
- de lait, la collecte laitière est pénalisée par des stocks fourragers insuffisants en terme de quantité et de qualité.
A plus long terme, l’enjeu pour la filière est de maintenir une régularité dans les conversions pour suivre la croissance de la demande. En effet, la conversion d'une exploitation est souvent le fruit d'une longue période de réflexion. Toutefois, les prix du marché conventionnel reste un élément décisif pour franchir le pas. Dans un contexte de marché volatil, l'enjeu pour la filière sera de maintenir une régularité dans le nombre de conversions, pour préserver le marché bio de la volatilité des prix.
La rentabilité des exploitations en agriculture biologique
L’étude des résultats des exploitants en agriculture biologique ayant leur clôture en 2015 montre un résultat moyen de 21 500 € par UTH familiale. Cette moyenne cache de fortes disparités. L'écart de revenu de 7 800 €/UTHF entre les producteurs laitiers et les producteurs de volailles spécialisées illustre ces disparités entre les systèmes. Toutefois, l’étude de la dispersion des résultats montre des écarts tout aussi importants à l’intérieur de chaque système. Les compétences technique du producteur, la cohérence du système de production, les modes de commercialisation des produits, la productivité de la main d’oeuvre sont autant de facteurs pouvant expliquer les écarts de revenu.
La situation financière de ces exploitations est en moyenne saine.
Deux indicateurs reflètent cette situation :
- un taux d’endettement de 53 %,
- une trésorerie nette globale positive de 2 000 €.
La durabilité des exploitations en agriculture biologique
Le tableau ci-contre présente les indicateurs de développement durables calculés à partir des comptabilités des exploitations bio et de l’ensemble des exploitants adhérant au Cerfrance sur le territoire de la Normandie et des Pays de la Loire.
La situation vis-à-vis des indicateurs sociaux-économiques est différente d’une production à l’autre.
En système laitier, la meilleure valorisation du lait compense largement le plus faible niveau d’intensification et la moindre productivité de la main d’oeuvre.
En système bovin viande, l’équilibre est plus ténu. En effet, les écarts de prix de vente des animaux sont plus faibles d’où une viabilité du système proche de l’ensemble des producteurs.
Deux raisons expliquent en partie cette situation :
- des contraintes techniques, les rations à base d’herbe sont plus pauvre en énergie d’où des difficultées pour finir les animaux,
- une filière plus concurrencée, dans les linéaires, la viande bovine bio provenant des cheptels allaitants doit trouver sa place entre les animaux de race à viande du circuit conventionnel mis en avant par les différents labels de qualité et l'augmentation de l'offre d'animaux laitiers, conséquence du développement de la production laitière.
Les systèmes bio consomment plus de surface. Ce constat est à mettre en relation avec la localisation des exploitations. En effet les exploitations bio sont plus présentes dans des zones avec un potentiel agronomique plus faible.
Les indicateur environnementaux sont au vert :
- les prairies sont prédominantes dans les assolements,
- l’autonomie de ces systèmes permet une faible consommation d’intrants.
La croissance régulière du marché bio et le besoin de renouvellement des générations ouvrent des perspectives pour les producteurs qui souhaitent franchir le pas de la conversion. L’étude des résultats des producteurs démontre la viabilité de ces systèmes.
Toutefois la conversion de son exploitation en agriculture biologique est le résultat d’une démarche personnelle de longue haleine.
Quelle est la finalité recherchée ?
- sécuriser mon revenu (recherche d’une meilleure valorisation des produits et d’un système plus autonome),
- obtenir une reconnaissance sociale,
- avoir un système plus vertueux vis-à-vis de l’environnement.
Concrètement, mon exploitation peut-elle s'adapter à ce nouveau mode de production et quelles évolutions sont à prévoir ?
- le niveau de production attendue en fonction des moyens de production (sol, bâtiment et main d’oeuvre),
- l’assolement à mettre en place,
- la ration des animaux en fonction des aliments produits sur l’exploitation et des surfaces accessibles aux animaux.
Économiquement mon projet-il réalisable ?
- le ou les partenaires pour la commercialisation de mes produits,
- le niveau de revenu attendu,
- aujourd’hui la santé financière de l’exploitation permet de passer le cap des années de conversion.
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Guillaume LEMASLE
Conseiller, Chargé des Études