Filière lait : rémunération et pérennité des exploitations
Le prix de vente du lait est-il suffisant pour rémunérer le travail des éleveurs et assurer la pérennité de leurs exploitations ? L’équipe Cerfrance Mayenne - Sarthe dresse un état des lieux.
Etat des lieux 2017 en Mayenne - Sarthe
L’analyse des prix de revient issus des résultats comptables clôturés en 2017 montre qu’en moyenne le prix de vente du lait a été insuffisant pour rémunérer le travail des éleveurs sur la base de 1,5 SMIC.
Le prix de revient moyen des 1 000 litres de lait standard, en race Prim’Holstein, s’établit à 356 € pour une clôture située en juin 2017. Sur la même période, les éleveurs vendaient leur lait 324 € les 1 000 litres. Malgré la progression du prix de vente, il manquait donc 32 € par 1 000 litres ou 14 000 € en moyenne par élevage laitier pour rémunérer la main d’oeuvre présente sur l’atelier.
Toutefois, il faut nuancer ce constat par l’importante dispersion des résultats constatés entre éleveurs : 25% d’entre eux disposaient d’un prix de revient moyen à 315 € et les 25% moins performants se situaient à 389 €.
Aussi, toutes les situations individuelles doivent être analysées pour permettre aux éleveurs de :
- se situer (par rapport à une référence adaptée, à leur objectif prévisionnel)
- identifier leurs atouts et leurs faiblesses, en matière d’utilisation du sol, des animaux et de la main d’oeuvre, sous les angles technique, équipement et organisation
- estimer la rémunération de leur travail dans un contexte de prix donné.
Evolution et perspectives 2018
Depuis 2015, le prix de revient moyen est en baisse d’environ 20 € par 1 000 litres avec :
- la diminution du prix de l’aliment dans le sillage de ceux des céréales et du soja
- l’amélioration de la productivité de la main d’oeuvre (+ 46 000 l par actif en 5 ans)
- la réduction des frais financiers (érosion des taux d’intérêt et limitation des investissements)
A l’inverse, il faut noter depuis 2014 les baisses constantes du poids des aides PAC (effet de la convergence) et du produit viande (conjoncture viande bovine).
Par ailleurs, le contexte 2018 se caractérise par le manque de fourrages rencontrés sur de nombreux élevages et par la reprise du prix de l’aliment.
Aussi, les prix de revient 2018 devraient au mieux se stabiliser.
Prix de vente
Côté prix de vente, le marché porteur (ralentissement de la collecte mondiale et dynamisme de la demande) a permis au prix à la production d’atteindre les 350 € les 1 000 litres en décembre 2017. Depuis, il a peu évolué illustrant les incertitudes concernant l’évolution des cotations de la matière grasse et le poids des stocks de poudres (dans l’Union Européenne, mais aussi aux Etats Unis, en Inde, etc). Le manque de fourrages, lié au climat sec, conduit à la baisse de la collecte en Europe du Nord et en France depuis cet été. Ceci pourrait faciliter la hausse du prix en fin d’année compte tenu d’une demande toujours bien orientée.
Entre fin 2017 et juin 2018, environ 50% des éleveurs ont donc obtenu un prix de vente pour rémunérer leur travail à hauteur de 1,5 SMIC. Sur le second semestre, des difficultés de trésorerie pourraient donc se renforcer chez les éleveurs laitiers les plus fragiles.
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