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BREXIT : où en est-on ? quelles conséquences sont à prévoir ?

Depuis le 31 janvier 2020, Le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne. Les changements concrets n’interviendront qu’à partir de 2021, après des négociations commerciales. Le Brexit aura des conséquences sur toutes les filières françaises concernées par les échanges commerciaux, sur la logistique portuaire, les démarches administratives et la compétitivité des entreprises.

Quelles conséquences potentielles du Brexit sur l’économie française ?

Boris Johnson, l'actuel Premier Ministre britannique

Le Royaume-Uni : 6eme client et 8eme fournisseur de la France. Le Royaume-Uni réalise la moitié de ses échanges extérieurs avec l’Union Européenne. L’Irlande serait le pays le plus impacté par le Brexit. Toutes les entreprises ayant une relation d’échange avec le RU seront concernées par les modalités de l’accord. 

Les relations économiques entre la France et le RU ne sont pas négligeables : 30 000 entreprises réalisent des exportations vers le RU et 100 000 importent des biens et services britanniques. L’excédent commercial s’établit en 2018 à près de 12 milliards d’euros, en faveur de la France. Ainsi, le RU est le premier excédent bilatéral de la France. Il représente 6,8 % des exportations françaises et est ainsi le 6e client de la France. Avec 3,7 % des importations françaises, le RU est également son 8e fournisseur. 
 

Des conséquences financières et douanières

Michel Barnier, négociateur du Brexit pour l'UE

Les pays membres de l’UE bénéficient d’une exonération de droits de douane et d’une simplification de la TVA lorsqu’ils commercent entre pays membres. Donc, outre une logistique commerciale et administrative plus complexe, le risque réside dans la possible mise en place de barrières tarifaires et de contingents entre l’UE et le RU. Cela augmenterait le prix des produits exportés au RU. Ils seraient moins compétitifs par rapport aux produits britanniques. La concurrence avec d’autres exportateurs serait accrue. 

L’évolution de la parité des monnaies €/£ sera aussi un facteur d’inquiétude pour la compétitivité des produits. Une autre inconnue réside dans les conditions d’accès au marché britannique. Le RU conservera-t-il les standards européens ? Ou adoptera-t-il des normes moins exigeantes ? Comment le comportement des consommateurs britanniques évoluera-t-il ?
 

Quel pourrait être l’impact du Brexit pour l’agriculture française ?

Le Royaume-Uni importe des produits agricoles et agroalimentaires français et européens

Avec une autosuffisance à 60 %, le RU est un grand importateur de produits agricoles et agroalimentaires, principalement d’UE. La France est son 3e fournisseur (vins, produits laitiers, céréales et boulangerie). En 2018, les exportations françaises agricoles et agroalimentaires pèsent 5,5 milliards d’euros. La France est aussi le 2e client du RU (spiritueux, produits de la mer, viande ovine). Le solde des échanges est largement excédentaire au profit de la France, avec une balance commerciale de 2,9 milliards d’euros.
Le marché britannique représente 9 % des exportations agroalimentaires françaises. Au RU, l’offre française est reconnue et appréciée pour sa qualité.
 

Le Brexit pourrait rendre plus difficile l’export vers le Royaume-Uni

La France est le premier fournisseur de vin du RU en valeur et 3e en volume, elle y a exporté 171 millions de litres de vin sur la campagne 2018-2019. Avec 269 000 tonnes et 551 millions € en 2018, la France est le 2e fournisseur du RU en produits laitiers, derrière l’Irlande. Elle exporte essentiellement des fromages, de l’ultra-frais et du beurre.
En retour, le RU exporte des produits laitiers vers la France (cheddar, crème, lait, beurre), mais dans une moindre mesure (43 200 tonnes et 161,4 millions €).
Pour ces filières, le futur accord de libre-échange entre l’UE et le RU aura toute son importance. La chambre d’agriculture a évalué le coût d’un Brexit sans accord pour la ferme France à 500 millions €. Un scénario à éviter.
Comme pour l’ensemble de l’économie, les entreprises agricoles et agroalimentaires devront faire face à une logistique plus complexe, aux potentiels barrières tarifaires et contingents, ainsi qu’à l’incertitude financière face à l’évolution de la parité des monnaies €/£.
 

La concurrence pourrait être accrue sur le marché européen

La France n’est pas le seul pays européen à craindre de voir diminuer ses exportations vers le RU. Si le débouché britannique se restreignait, le marché européen pourrait s’engorger des excédents des pays actuellement exportateurs vers le RU. C’est notamment une inquiétude des filières viande.
En 2015 le Royaume-Uni a produit uniquement 75 % du bœuf, 92 % de l’agneau, 55 % du porc et 73 % du poulet consommé sur son territoire.

Ainsi, la filière bovine irlandaise, qui exporte 91 % de sa production, dépend fortement du RU. La moitié y est exportée (principalement des découpes de premier choix). Et sur les 46 % exportés vers les autres pays de l’Union européenne, la moitié transite par le RU.
L’Irlande se prépare à l’avenir avec son programme « FoodWise 2025 », pour augmenter ses exportations et améliorer la compétitivité de son agriculture.
 

Avec le Brexit, le budget européen perd un de ses contributeurs nets

Le RU est actuellement un contributeur net au budget européen, de l’ordre de 10 à 12 milliards d’euros par an. Son départ de l’UE pose la question du financement du budget européen à partir de 2021, et complexifie les négociations autour du prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027. Il est pourtant important que ces négociations avancent, car elles conditionnent notamment l’avancée des discussions autour de la future politique agricole commune (PAC).
 

Les échanges extérieurs des Pays de la Loire avec le Royaume-Uni

Le Royaume-Uni : 4e client et 9e fournisseur des Pays de la Loire

Les échanges extérieurs des Pays de la Loire se caractérisent notamment par les activités agricoles et agroalimentaires, la présence de la Raffinerie Total et celle du port de Nantes-Saint-Nazaire. 
Le Royaume-Uni est le 4e pays d’échange pour les exportations ligériennes, après l’Allemagne, les États- Unis et l’Espagne.
L’excédent commercial, en faveur des Pays de la Loire, est porté pour moitié par les produits agricoles et agro-alimentaires.
Outre ces secteurs, les produits principalement exportés sont les produits pétroliers, les produits de l’industrie automobile (véhicules et équipements), les matériels agricoles, de levage et de manutention, les produits de la construction aéronautique, et les équipements mécaniques, électriques et électroniques.
Comme toutes les régions d’échange avec le Royaume-Uni, le Brexit aura des conséquences sur les filières locales. Celles potentiellement les plus en « danger » sont la viticulture (la France est le 1er fournisseur de vin du RU) et la pêche (pour les mêmes raisons que la Normandie).

Extrait de la note de veille économique
"Brexit : Où en est-on ? Quelles conséquences sont à prévoir ?"

de Mélanie JUGÉ et Caroline LEVOUIN,
Atelier des études économiques - Janvier 2020,
Cerfrance Normandie et Pays de la Loire
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