Un projet axé sur la valorisation des ressources locales
Publié le 11.02.2025
Le projet
Baptiste BLANCHARD, Sarl de l'Erve
Nous sommes la 4ème génération sur une exploitation transmise par nos parents. Historiquement, notre ferme s’est spécialisée dans l’élevage allaitant – Rouge des Prés et Charolais – réparti sur 249 hectares.
Lorsque nous avons repris l’exploitation, notre ambition était de valoriser et faire perdurer le paysage rural et bocager qui nous entourait, tout en innovant pour valoriser les prairies et, par conséquent, les ressources locales.
L’essence de notre projet repose sur cette question fondamentale : comment transformer une ressource locale en une richesse territoriale ?
Nous souhaitons transmettre un paysage qui porte un équilibre des ressources qui sont l’eau, le bois et l’herbe des prairies. Certaines prairies sont situées sur une zone de captage.
L’idée est de transformer ces contraintes en atouts en développant un produit nouveau, destiné à l’exportation.
En parallèle, nous avons ainsi procédé à un constat complet de nos ressources locales, incluant la réorganisation des infrastructures et le recensement des haies.
Valorisation des prairies et réorganisation des infrastructures
Sur le volet environnemental, nous avons décidé de valoriser l’herbe en la transformant en foin séché.
Ce foin, aux qualités très spécifiques, apporte une réelle valeur ajoutée pour la production de lait et de fromage.
Nous avons tous les deux une double activité que nous souhaitons conserver. Nous avons donc décidé de diminuer le cheptel allaitant de nos parents. Plutôt que d’investir dans un nouveau bâtiment, nous avons transformé un bâtiment taurillons de 200 places en séchoir. Ne pouvant installer une griffe suspendue, nous avons opté pour une griffe sur roue, capable de s’élever pour faciliter la manutention.
Pour réussir le séchage dans les meilleures conditions, nous avons comparé différentes méthodes de séchage – solaires, au fuel ou à l’électricité, bois... – afin de trouver la solution la plus efficace.
Valorisation de haies et autonomie énergétique
Nous disposons de 45 km de haies, équivalant à une capacité annuelle de production de 80 tonnes de bois déchiqueté. Ce bois nous permet de produire la chaleur nécessaire via une chaudière spécialement adaptée, nous garantissant ainsi une autonomie énergétique et un produit de qualité. Bien que le coût d’investissement de la chaudière soit élevé, son coût de fonctionnement reste maîtrisé.
Parallèlement, l’entretien des haies et du bocage nous a permis de valoriser le stockage de carbone, lequel nous génère des crédits carbone que nous vendons (environ 150 tonnes équivalent carbone par an). Ces actions ont été réalisées en partenariat avec la Chambre d’Agriculture, SODEBASE et MB PACK (à Vaiges).
La mise en place du projet et les difficultés
La mise en place de ce projet a demandé deux années d’études approfondies pour sonder les besoins sur les marchés français et européen, et étudier les possibilités d’exportation.
Initialement, nous avions envisagé le marché équin, mais nous avons rapidement constaté un fort potentiel auprès des laitiers – avec, par exemple, un éleveur conventionnel en Bretagne qui a renoncé à la culture du maïs. Aujourd’hui, nous collaborons depuis quatre ans avec divers partenaires d’Auvergne, des Alpes, des Pyrénées, de la Vendée et même de Suisse, notamment pour la production de fromage.
Les principales difficultés de ce projet résident dans la spécificité des techniques de l’herbe et les contraintes liées à la météo et à la main-d’œuvre :
- les périodes critiques, comme celles liées au fanage de l'herbe, nécessitent un travail extérieur intense,
- la gestion de la ressource bois représente un travail conséquent, nécessitant des opérations de coupe, de stockage et de séchage réparties sur l’automne, l’hiver et le printemps.
Les projets pour demain
À l’aube de notre cinquième année d’installation, nous voulons continuer à améliorer notre produit et installer une centrale solaire, qui nous offrira une indépendance électrique pour alimenter les ventilateurs et la chaudière.
Nous envisageons également d’exploiter d’autres produits asséchés (maïs, grain, blé…) en utilisant les quatre cases disponibles dans notre séchoir.
Nos conseils
Pour ceux qui souhaitent se lancer dans un projet de développement durable, notre conseil est de réaliser un inventaire détaillé en comptabilisant toutes les ressources disponibles, la main-d’œuvre et les compétences autour de vous. Il est essentiel de s’entourer de professionnels extérieurs, qui apporteront un regard nouveau, ainsi que de la famille.
Le développement durable est tout à fait compatible avec la performance économique, à condition d’avoir une connaissance approfondie de son environnement et de ses ressources.
Pour plus d'informations : www.lefoingeorges.com