Cerfrance Mayenne-Sarthe
La performance durable de mon entreprise
Découvrez le témoignage de Stéphane Desgranges, agriculteur depuis 2002, sinstallé à Olivet en 2012 après une expropriation. Il a choisi l’agriculture biologique pour développer un système basé sur l’herbe, en accord avec ses valeurs et l’environnement.
Publié le 19.03.2025
Mon aventure agricole a débuté en 2002, près de Saint-Berthevin. J’y avais lancé mon exploitation laitière, mais les événements m’ont forcé à me réinstaller ailleurs. C’est ainsi qu’en 2012, j’ai trouvé une nouvelle ferme à Olivet, dans une zone essentiellement herbagère.
Dès le départ, j’étais convaincu qu’un système basé sur l’herbe correspondait à mes valeurs et à la physiologie naturelle de mes vaches. Je souhaitais mettre en place une approche plus respectueuse de l’environnement, plus sobre en intrants, tout en maintenant un équilibre économique viable.
Puisque j’avais à repenser tout mon projet suite à l’expropriation, j’en ai profité pour passer en agriculture biologique, ce qui m’a semblé cohérent avec mon choix d’orienter mon troupeau vers le pâturage.
Aujourd’hui, mon exploitation couvre 90 hectares de prairies naturelles.
J’y élève 65 vaches laitières.
Mes terres, principalement argileuses et pentues, ne se prêtent pas facilement à des cultures intensives comme le maïs.
L’herbe, en revanche, s’y développe particulièrement bien, notamment grâce à la préservation des prairies permanentes.
J’ai opté pour un séchoir en grange et un robot de traite, deux investissements qui m’apportent un réel confort de travail. Le séchoir me permet de conserver une excellente qualité de foin pour mes vaches, tandis que le robot de traite réduit la pénibilité et me libère du temps pour d’autres tâches (ou pour ma vie personnelle).
Mes vaches sont nourries au foin, dans une logique de lait de foin, concept qui valorise réellement la nature herbivore de l’animal.
Je n’utilise pas de produits phytosanitaires ni d’engrais de synthèse. De plus, je ne consomme pas de soja importé. Mon bilan carbone est très bas, en particulier grâce à la capacité de stockage de mes prairies et haies bocagères.
Je valorise également la coupe des haies en bois déchiqueté, ce qui me sert de base pour différents projets énergétiques (chauffage, séchage, etc.).
Contrairement à ce qu’on croit parfois, un système herbager bien maîtrisé reste rentable. Les charges en intrants sont faibles, la productivité de mes vaches est satisfaisante, et ma marge est préservée.
J’ai la liberté de travailler seul ou de recruter un salarié à mi-temps, un moment privilégié pour moi car je voudrais transmettre mon savoir-faire à des jeunes en formation ou en apprentissage.
Ma maîtrise du temps de travail est meilleure, ce qui me permet de conserver une bonne qualité de vie.
Le contact avec mes collaborateurs et apprentis m’enrichit, et je ressens la satisfaction de contribuer à former une nouvelle génération d’agriculteurs sensibles à l’environnement.
Les aléas climatiques me poussent à innover. Je pense notamment à installer un générateur d’air chaud alimenté par mon bois bocager, pour sécuriser davantage le séchage du foin en période humide. Ce système réduirait aussi ma consommation d’électricité.
Je prévois également de renforcer l’autoconsommation électrique grâce au photovoltaïque.
Chaque nouveau pas me conforte dans l’idée qu’un modèle « tout-herbe » – sobre, autonome et en phase avec la nature – est parfaitement réaliste et porte ses fruits, tant pour moi que pour les vaches… et au final pour la planète.
