
La performance durable de mon entreprise
Chaque petit pas dessine un chemin vers une agriculture rentable, régénératrice et humaine


Publié le 02.06.2025
Notre équipe

Nicolas DENIEUL, SCEA DENIEUL
Nous sommes 3 frères associés et 4 salariés, sans oublier notre belle‑sœur qui fait tourner notre boutique de vente directe sur l'exploitation.
Ensemble, nous élevons 400 porcs et cultivons 400 ha.
L’idée n’est pas de grossir à tout prix, notre moteur, c’est de fermer la boucle : les effluents nourrissent les cultures, les cultures nourrissent les animaux et la boutique nourrit symboliquement le territoire.
Ma passion : le sol vivant
J’ai attrapé le virus de l’agronomie il y a déjà longtemps, depuis, je décortique tout ce qui touche au sol vivant.
Nous mettons en place des couverts végétaux après chaque récolte pour protéger, structurer et capturer du carbone.
Nous nous sommes diversifiés : nous cultivons moins de maïs et plus de cultures à forte valeur. Nous faisons de nouvelles cultures comme l'oignon, les pommes de terre..., que nous vendons à la Ferme Marollaise, quitte à être déficient en orge ou en blé.
Les rotations allongées (oignons, pommes de terre, céréales, maïs) permettent de casser les cycles de maladies, d'alléger la pression phytosanitaire et de construire de la valeur locale. La rotation des cultures permet encore une fois de minimiser les choses.
Pour nourrir nos cochons, nous utilisons des co-produits locaux, en remplaçant peu à peu le soja importé par du lactosérum acheté à 40 km, cela nous permet d’être moins dépendant de la protéine (soja), un gain économique et une réduction des kilomètres carbone.
Autrefois perçu comme une charge, le lisier est devenu un atout. Nous avons aujourd’hui des possibilités de nous débarrasser de ces excédents auprès de l’unité de méthanisation de Rouessé-Fontaine. On peut donc aujourd'hui transformer un « déchet » en énergie et on réinjecte le digestat dans les champs.
« Le sol, c’est notre banque : plus on y dépose de matière organique, plus on récupère d’intérêts sous forme de fertilité. »

Je travaille avec un agronome Cerfrance depuis plusieurs années. Nous testons des alternatives pour limiter l’érosion des sols et pour diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires. Nous voulons ainsi favoriser une activité biologique du sol qui fonctionne.
Le plus gros impact au niveau de la biologie du sol, c’est l'utilisation des produits phytosanitaires : insecticides, fongicides, désherbants.
Je surveille mes IFT (Indice de Fréquence de Traitement) et ma gestion des phytosanitaires. Je note chaque pulvérisation pour savoir où gratter encore des points.
Peu importe la marque des produits de traitement, sur chaque produit figure un indice concernant son impact environnemental. On peut traiter 4 ou 5 fois, et avoir une incidence moindre sur l'environnement que si l'on traitait 2 fois, car tout dépend des dosages.
Je calcule mon bilan carbone depuis trois ans : il révèle nos forces (stockage lié aux couverts) et nos faiblesses (dépendance au gasoil). Même si les logiciels ne sont pas tout à fait au point, cela met en lumière les critères sur lesquels nous pouvons nous améliorer.
L’idée est de minimiser nos besoins en azote minérale, pour arriver à une balance azote de 0 et donc d’avoir un impact minimum
J'ai 50 ans. Il me reste donc 15 récoltes pour faire en sorte de maximiser ces récoltes et rendre ainsi l'exploitation attractive pour des repreneurs.
Ma vision de la RSE : un jeu collectif
Ma démarche RSE ne concerne pas uniquement mon exploitation, mais concerne tout un réseau en amont et en aval, et à partir de là, des choses qui vont pouvoir évoluer, car tout seul on ne fait rien.
La RSE, pour moi, c’est donc accepter que la performance durable se joue en réseau. On peut être exemplaire chez soi ; si les fournisseurs, les voisins ou les clients n’évoluent pas, on plafonne.
D’où mon engagement dans la Convention des Entreprises pour le Climat session Agri‑Agro, avec Clara Gaillard, agronome Cerfrance Mayenne - Sarthe : six modules de 2 jours tous les 2 mois sur un an, 65 sociétés réunies, de la PME locale au groupe de 5 000 salariés. Toute ma carrière, j'ai travaillé avec des personnes issues du monde agricole. A la CEC, le fait de pouvoir travailler avec des chefs d'entreprise de la grande distribution, de la transformation, qui s'impliquent pour les mêmes idées que moi redonnent de l'espoir, je me suis dit que les choses pouvaient changer.
Nous nous sommes mis autour d'une table et avons échangé : "quelles mesures radicales peut-on prendre pour avoir un impact moins important sur la planète ?". Nous étions tous décoiffés, tous nos repères étaient par terre, et nous nous sommes dit qu'il fallait mettre les bouchées doubles.
Je communique régulièrement sur LINKEDIN pour échanger avec des professionnels. VIDEO SUR LA CEC
Je suis aussi président de la structure BASE 72 , qui est un réseau d'échanges d'agriculteurs et de techniciens innovants, qui mettent en oeuvre l'agriculture de conservation.
Nos recrutements sortent des sentiers battus
Nous ne trouvons pas de porchers formés.
Nos recrutements sortent des sentiers battus : nous avons embauché et formé un menuisier, un bobinier, un maçon… tous en reconversion.
Nous leur avons proposé trois semaines sur leurs vacances pour essayer (de façon à ne pas quitter leur emploi), pour qu’il s’imprègnent complètement du métier avant de s’engager. Nous préférons former nos salariés à notre structure.
Nous venons également d’accueillir une responsable maternité, qui avait de l’expérience ; son regard neuf nous bouscule dans le bon sens.
Nous accueillons aussi des stagiaires : nous avons été stagiaire aussi à une époque. Les questions “cons” sont souvent très intéressantes. Une question naïve peut faire vaciller une habitude vieille de vingt ans.
Conclusion : des petits pas… qui finissent par tracer un grand chemin

Chaque couvert semé, chaque salarié formé, chaque litre de lisier méthanisé n’est qu’un pas.
Additionnés, ces pas dessinent un chemin vers une agriculture rentable, régénératrice et humaine.
Voilà ma RSE : un réseau d’acteurs qui se serrent les coudes pour que le sol reste vivant et que les gens trouvent du sens.
• Vous vous interrogez sur vos pratiques culturales ? -> couverts végétaux, travail du sol, rotation, nutrition des plantes, fertilisation...
• Vous avez des problématiques de résistance, salissement, structure de sol ?
• Vos rendements stagnent ?
Contactez un conseiller agronome ICI