AGRICULTEURS EN DIFFICULTÉ : UN NOUVEAU DISPOSITIF D'AIDE MIS EN PLACE FIN 2019
Le 18 septembre 2019, le Ministère de l’Agriculture publiait le texte relatif aux modalités de mise en oeuvre de l’aide à la relance de l’exploitation agricole (AREA). Dernière “pierre” à l’édifice du nouveau dispositif d’identification et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté, l’AREA a pour objectif de faciliter la restructuration des dettes des exploitations en difficulté financière mais dont la viabilité aura été démontrée.
Schéma global du nouveau dispositif d’identification et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté :
L’accès à l’AREA repose sur des critères d’éligibilité
- de l’exploitant : plus de 21 ans et moins de 60 ans, être en activité depuis au moins 3 ans, etc
- de l’exploitation : avoir réalisé un audit global d’exploitation, employer au moins un actif non salarié mais moins de dix actifs salariés, 50% minimum du capital social détenu par les exploitants, satisfaire au moins 3 des 4 critères comptables suivants :
- taux d’endettement global > 70%
- trésorerie nette globale < 0
- EBE sur produit brut < 25%
- Revenu disponible par actif non salarié < 1 SMIC (14 628 € en 2020)
A la différence de l’ancien dispositif agriculteurs en difficulté, les exploitations en redressement judiciaire, ou faisant l’objet d’une procédure de sauvegarde ou d’un règlement à l’amiable ont accès à l’AREA, sans avoir à produire un audit global d’exploitation et sans vérifier les critères comptables.
L’AREA est composée de deux volets indissociables associés chacun à une aide de l’Etat :
- l’aide au plan de restructuration,
- l’aide au suivi technico-économique.
- L'aide au plan de restructuration
L’aide au plan de restructuration s’élève jusqu’à 10 000 € par exploitant + 2 000 € par salarié équivalent temps plein (dans la limite de 10 ETP salariés et de 2 exploitants - sauf pour les GAEC qui bénéficient de la transparence).
Elle est notamment calculée sur la base :
- des surcoûts liés à une restructuration bancaire entre les prêts réaménagés ou consolidés et les prêts initiaux (intérêts & frais d’assurance supplémentaires, frais de dossier)
- des coûts de la garantie bancaire si la restructuration bancaire conduit à une consolidation
- d’une partie des intérêts bancaires dus sur la durée du plan de restructuration
- d’une partie des intérêts de prêts ou de facilités de paiement des fournisseurs.
Cette aide est conditionnée à :
- une prise en charge à hauteur de 25% du coût de la restructuration par l’exploitant lui-même
- une durée du plan de 7 ans maximum
- un engagement de l’exploitant à maintenir son activité et à ne pas augmenter ses capacités de production pendant la durée du plan.
- L’aide au suivi technico-économique
L'aide au suivi repose sur un suivi technico-économique, à minima sur 3 ans, du plan de restructuration. Ce suivi est réalisé par un expert habilité choisi par l’exploitant (avec un appui possible d’une assistance sociale).
L’aide au suivi correspond à 80% du coût facturé par l’expert habilité (dans la limite de 800 €).
L’AREA complète donc un dispositif agriculteurs en difficulté en démarrage. L’aide de l’Etat peut être conséquente, mais les critères d’éligibilité vont limiter l’accès à de nombreuses exploitations, et la procédure administrative peut s’avérer longue et complexe.
Au-delà de l’aide potentielle, l’enjeu du dispositif global est d’identifier le plus en amont possible les agriculteurs en difficulté financière avérée ou en devenir. Il s’appuie donc aussi sur la détection de ces difficultés par vos partenaires.
N’hésitez pas à en parler à votre comptable ou à votre conseiller qui pourront vous accompagner tout au long de ce dispositif.
Pierre CHAMBARD
pchambard@53-72.cerfrance.fr